La question démocratique !…
Il n’y a que des modèles qui ne sont point, eux aussi, idéaux et exemplaires pour un régime et une société purement démocratiques. Les États-Unis d’Amérique sont qualifiés comme des États "très" démocratiques, alors que ça ne traduit pas vraiment la réalité des choses à l’interne, ni à l’externe et l’Histoire contemporaine ne manque pas de preuves !...
À prime abord, la Démocratie est, à mon sens, un macro-processus demeurant tributaire de certains facteurs-disciplines, à savoir: sociologie, culture, lois, administration, gestion publique, activités du secteur privé, potentiel humain, actions, géographie, Histoire, civilisations, mobilité, infrastructures,...
Admettons que tout système qui soit réussi économiquement (industrie, commerce, finance, services, ressources…), militairement (industrie, stratégie,…) et culturellement (éducation, recherche scientifique, université, art, littérature…) est un système séduisant et imitable.
S’agit-il ainsi d’un modèle systématiquement réussi sur le plan démocratique?
Je n’en sais rien !...
Faut-il revisiter le modèle chinois pour répondre à cette question?...
Ou faut-il aussi lire différents systèmes des pays scandinaves qui traduisent vraiment, a priori, une belle et élégante démocratie, sans aucun bruit, ni propagande, ni ingérence… du moins jusqu’ici déclarée?...
Il reste à relire encore les composantes spécifiques et particulières les plus élémentaires de ces systèmes…
Indépendamment des réflexions compliquées et complexes, la problématique démocratique me tarabuste profondément !...
Des interrogations: Est-ce que cela nécessite une dynamique citoyenne large pour que la culture de la démocratie soit bien enracinée chez les peuples malgré leurs différences, différends et diversités?
Du bas vers le haut !... Une démocratie extraite par du forcing… Et, toute "révolution" demeure ainsi une opportunité phare pour installation et mise en œuvre d’une certaine démocratie, compte tenu des progressions apprenantes et constructives cumulées et institutionnellement accompagnées. Normalement, la réponse est a priori évidente…
Encore plus, est-ce que cette fameuse démocratie, puisqu’il s’agit d’"une démocratie" ou "des démocraties" et non pas de "la démocratie", reste tributaire d’une démarche expérimentatrice et expérimentée d’un nombre d’acteurs politiques, ceux détenant le pouvoir et ceux qui sont dans l’opposition, et d’un ensemble d’intervenants sociaux et autres qui font par souci de leurs consciences, ambitions et motivations un des scénarii à imposer, non forcément toujours accepté par la population?...
Rien que pour proposer ou imposer un modèle quelconque pour une démocratie adaptée et cohérente avec ses contextes socioculturel, politique et économique… Donc, du haut vers le bas !... Un sens inverse… En tout cas, les mécanismes de faire intervenir le peuple, d’une manière ou d’une autre, dans les processus de prise de décision, quant aux différentes mesures gouvernementales, politiques et stratégies ne peuvent en aucun cas mis en exergue que par l’adoption d’une séparation institutionnelle et constitutionnelle des pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif), d’un système d’information et de communication indépendant et libre selon des normes déontologiques claires, écrites et diffusées, d’une pratique de libres expressions des individus-citoyens et de la société civile suivant des règles éthiques précises pour respect des autres, d’une transparence quant aux différents comportements liés à la gestion des deniers publics (finance publique, fiscalité, domaine de l’État, services rendus aux citoyens…)…
Alors, une quelconque démocratie commence par institutionnaliser les actions, les comportements et les processus de n’importe quelle affaire publique et/ou action communautaire et locale via l’orchestration des gestionnaires politiques et des politiciens élus, alors légitimes…
Théoriquement, il s’agit d’une démarche quasi-universelle, mais pratiquement, il faudrait pouvoir adapter certaines pratiques internationalisées avec les spécificités locales (culturelles, sociales et sociétales, entre autres), les moyens et les conditions particulières et le contexte temporel.
La Révolution représente ainsi une opportunité pour la démocratie, comme elle peut être une menace, si la transition n’arrive pas à assurer le passage d’une situation chaotique et cahoteuse, dûment non démocratique, à une situation nouvelle plutôt démocratique…
Cette transition - compte tenu des dérapages éventuels - nécessite, par ailleurs, une justice transitionnelle, certes.
Elle exige aussi une co-construction sérieuse et méthodologique d’une nouvelle philosophie de textes de lois, de structures de l’État, de gouvernance et d’économie…
La participation, la transparence et la communication font ainsi piliers de toute la démarche puisque le peuple post-révolutionnaire n’est pas assez averti et il n’a pas - chacun à son niveau - la même image du passé, du présent et du futur, ni le même recul par rapport aux processus de construction…
Déjà, une adolescence terrible manifestement constatée chez toutes catégories d’individus et d’organes !... La jeunesse se construit petit à petit, avec un encadrement étudié et réfléchi…
L’essentiel, à mon avis, c’est de choisir une vision, collectivement définie, d’arrêter une stratégie, collégialement élaborée, et de constituer une feuille de route de mise en œuvre (chronologie et actions concrètes), conjointement établie…
La symphonie musicale n’est jamais difficile à interpréter, mais l’harmonisation générale d’une telle musique et le pilotage du groupe (des musiciens, du peuple) restent une affaire artistiquement délicate, difficile, voire même légendaire dans un contexte dynamique, turbulent et indéfini…
Pour réussir, "choisir" des lignes rouges est une bonne lancée pour tout le système: L’amour de la Tunisie et rien que de la Tunisie, comme elle est, la reconnaissance de l’État (et de ses institutions), le respect de soi, en tant que citoyen-contribuable responsable et responsabilisé, et le respect des autres, comme Tunisiens respectés et respectables (et notamment les générations futures)…
Toute révolution appelle à des principes et toute démocratie-vraie comporte des règles fondamentales pour démarrer…
Hichem Elloumi
Écrit le 20 juillet 2013