La rentrée de tous les dangers
Tous revendiquent la démocratie, l’indépendance de la justice, la liberté d’expression, autant de mots qui provoquent l’hystérie chez le bon peuple rien qu’à leur simple énoncé ! Le bon peuple tiens, parlons en. La rentrée scolaire s’abat sur les familles qui souffrent toutes d’une maladie des temps modernes : le stress. Elles subissent le stress de la cherté de la vie, le stress de l’eau, le stress de l’électricité, à la mode depuis quelque temps, le stress des grèves qui se profilent à l’horizon, calcul politique de l’UGTT oblige, le stress du transport, le stress de l’insécurité, et bien entendu, le sujet du jour le stress des élections ! Car ces élections sont devenues la drogue quotidienne. Des campagnes fourre-tout, dans un climat de guerre fratricide qui ne connaît plus les limites et les règles de déontologie. Des candidats qui alimentent les braises qui sont susceptibles de provoquer encore des fractures dont nous nous passerons volontiers. Une croisade populiste et une forme d’impérialisme islamiste forment en réalité deux faces d’une même médaille : celle de l’intolérance et de la haine !
Nous avons une drôle de brochette de prétendants, à part les quelques rares vrais candidats. Et le plus frustrant, c’est que certains ripoux revendiquent au nom de la démocratie le droit de se présenter au suffrage universel, ce qui pourrait paraître naturel, mais ces mêmes pseudo-démocrates refusent de se soumettre aux lois de la République, ils veulent bénéficier d’une immunité avant terme, ne se sont-ils pas engagés corps et âme pour bénéficier de l’immunité qui leur garantirait l’impunité ? Ces candidats nourris au lait du populisme, ne savent-ils pas qu’ils ont commis des crimes qui, dans un pays civilisé, les auraient empêché de se présenter tout court, car n’est pas président qui veut, et n’est pas député qui veut dans un système démocrate et citoyen ! Si le peuple est juge de la vérité, soumettons-nous à ses décisions. Et c’est là qu’entre en jeu le quatrième pouvoir, les médias dont le principal rôle devrait être la recherche de la vérité pour éclairer les citoyens. Seulement voilà, la plupart de nos médias ont déjà pris fait et cause pour leur candidat qui n’est autre que le propriétaire du moyen de diffusion !
Rien n’est plus tentant pour les minables et les incompétents que de s’élever sur le talent d’autrui. C’est ainsi que des nouveaux riches se sont lancés dans la presse, où ils ont trouvé des journaleux à leur mesure. On peut toujours orienter un journaliste, il suffit de lui montrer le bon angle, la bonne information. Nous avons atteint le summum de l’aberration avec nos chaines spécialisées, chacune son poulain, et la campagne que nous vivons ne peut que nous confirmer, hélas, que notre démocratie est loin d’être exemplaire. La place d’un journaliste n’est certainement pas derrière les barreaux, mais plutôt devant, encore faut-il qu’il s’agisse d’un vrai journaliste, et non d’un charlatan qui veut que les instructions se fassent dans les bureaux de rédactions. L’arrestation de NK, pris la main dans la jarre de blanchiment d’argent, est décriée par certains et considérée comme inopportune, mais quand est-ce que c’est le bon moment pour appliquer la loi ? La bonne question serait plutôt a-t-on le droit de se présenter au suffrage universel quand on traine des casseroles qui font un tintamarre assourdissant ? Serait-on fier d’avoir à Carthage un candidat qui verse chaque jour un peu plus dans l’ignominie ? Quelqu’un qui n’a aucune gêne à perpétrer les usages de ripoux ? Voilà qui vient d’être fait, la morale rattrape toujours ceux qui s’en prévalent !
Citoyens fidèles à votre Patrie, ne suivez surtout pas les sentiers fléchés par les plans médias, ces chemins sont pleins d’embûches, et mènent droit au chaos ! Pour l’instant, ces magnats de la presse qui s’en foutent comme d’une guigne du devenir du pays et de l’état de la nation comptent sur le vieux dicton qui dit que l’on ne mord pas la main qui vous nourrit, et l’on voit le mal que nous font certains médias qui ont vendu leur âme et qui sont manipulés comme des marionnettes par des sans foi ni loi, Ces traitres ne savent-ils pas qu’un pays sans sa dignité, est comme une épave à la dérive ? Et qu’avec cet esprit, on ne pourra rien y bâtir de solide et de durable, on ne pourra pas fédérer et on ira droit dans le mur ! Nous avons une aubaine, ne la gâchons pas, quittons le sentimentalisme, et débarrassons-nous de la haine qui s’est installée dans nos têtes, aucune chance de réussite sans l’union et l’amour collectif de la Patrie, arrêtons les frais et réveillons-nous de notre torpeur qui nous avait été introduite par cette bande d’énergumènes machistes, violents, factieux, cette foule haineuse composée de vandales fascistes !
La Tunisie est électoralement, sociologiquement, et économiquement plus fracturée que jamais. Le citoyen lambda ne croit plus à la mobilisation ni au rythme de la révolution. Cette rentrée va découvrir encore de nouvelles classes moyennes paupérisées. Les démunis, les chômeurs, les personnes en souffrance n’attendaient pas la rentrée pour se plaindre, eux n’ont jamais cessé, c’est tous les jours qu’ils souffrent et tous les jours qu’ils en bavent. Pendant ce temps, le monde paysan continue sa descente aux enfers entre endettement et difficultés climatiques. Le tourisme, contrairement à ce qu’on claironne, continuera sa baisse en qualité et en rendement, entre bradage de prix et vétusté des équipements et du matériel. Et l’industrie continuera dans son naufrage programmé. Si en plus de toutes ces misères, on va leur remettre une couche avec plus d’instabilité et plus d’insécurité, alors nous aurons une rentrée de tous les dangers ! Et la question qui nous taraude tous : comment se passeront les élections, ces échéances de la dernière chance ? Nos institutions vont-elles encore subir les dégâts des alliances, des ré-alliances, et des contre-alliances ? Sachez messieurs de la HAIKA, de l’ISIE, et des MEDIAS consciencieux que le monde vous regarde, que l’histoire vous juge, et que la Patrie vous supplie !
Par Zouhair BEN JEMAA
